Injection du point G par acide hyaluronique à Paris
POINTS CLÉS DE L’INTERVENTION
- Intox!
- Donne une fausse image du plaisir féminin
Ces dernières années connaissent un boom sans précédent des actes de réjuvénation génitale féminine. Ces actes ont tendance à être qualifiés de simples, avec peu de complications. Ils permettraient non seulement d’en améliorer l’aspect esthétique et par là l’estime de soi, mais aussi le plaisir sexuel.
Parmi toutes ces procédures, on parle beaucoup de l’injection du point G par acide hyaluronique.
L’augmentation ou amplification du point G fait référence à l’injection de fillers (comme l’acide hyaluronique, AH) ou du lipofilling, au niveau du septum séparant la vessie de la paroi vaginale antérieure (PVA) afin de favoriser l’accès à l’orgasme ou d’en augmenter l’intensité.
Cette procédure a été empiriquement développée pour rendre le point G plus saillant et augmenter ainsi la friction lors des rapports sexuels. Le principe est que le bombement de cette zone sensible vers la lumière du vagin, va augmenter le frottement de contact avec le pénis et rendre alors l’orgasme plus facile et plus intense.
Cette méthode découle de thérapies des dysfonctions sphinctériennes intrinsèques déjà existantes ayant suggéré une amélioration de la fonction sexuelle (plus particulièrement sécheresses vaginales et par là confort accrue pendant les relations sexuelles).
Pour autant, et malgré la littérature abondante sur internet et dans la presse féminine, ainsi que l’offre pléthorique par les praticiens eux-mêmes, cette procédure repose sur une base scientifique mal connue.
Pour écrire cette note sur ce sujet sulfureux, nous avons revu toute la littérature scientifique internationale et il en découle que parmi tous les articles précédemment étudiés, aucun ne valide scientifiquement la relation injection du point G par acide hyaluronique et l’apparition ou intensification d’un orgasme interne.
Une chose est certaine, aujourd’hui l’acceptation de l’existence du point G, par la population générale est largement plus répandue que les preuves de son existence ! A tel point qu’entre 50 et 80% des femmes croient qu’il existe une zone hautement érogène sur la PVA. Pour certains, son auto-perception est un signe de plus haut niveau éducatif et de meilleur bien être psychologique. Mais a-t-on cherché à savoir quel pourcentage de femmes qui pensent que le point G existe, l’ont réellement éprouvé ? Cette évidence pour la population générale est d’autant plus incroyable que la majorité des femmes qui n’ont jamais ressenti personnellement ce point G, sont tout de même convaincues de son existence.
Il découle de cette analyse que 2 clans s’affrontent dans les grandes revues à coups de lettres à l’éditeur. Pour certains auteurs, il serait plus simple de croire à un « complot de féministes effrayées par le point G », dès lors que l’on refuse de croire à la démonstration bancale de son existence. L’idée étant évidemment de ne pas nier la condition de celles qui ont des orgasmes internes, mais plutôt de mettre en avant que pour toutes les autres qui n’en ont pas ou peu, et elles sont légion, tout ce débat crée un malaise. La diffusion massive par les médias grand public d’articles sur le sujet, qui s’appuient sur des revues plus sérieuses, répandant des théories qui reviennent finalement comme contradictoires, est préjudiciable. Dans le clan des défenseurs, certains estiment qu’il existe une entité anatomique bien définie qui correspond en tout état de cause au point G, les autres plus consensuels évoquent plutôt une zone fonctionnelle, regroupant la PVA, la partie interne du clitoris et la glande de Skene, rappelant le complexe CUV, qui semble couper court à la controverse. Peut-être qu’aujourd’hui, il ne subsiste plus qu’un combat de terminologie pour évoquer cette « zone fonctionnelle ». L’anatomie et l’embryologie nous ont pourtant suffisamment montré à quel point l’appareil sexuel féminin est proche de l’appareil masculin. Pour autant, il n’est pas encore débattu de la supériorité d’un orgasme obtenu par la stimulation des testicules par rapport au gland ? On ne parle pas non plus de dysfonction de l’orgasme masculin dès lors qu’une des zones de stimulation serait moins évidente pour y aboutir ? Parler des dysfonctions de l’orgasme féminin ne devrait être admis que lorsqu’aucun orgasme n’est possible. Les injonctions à découvrir absolument son point G et expérimenter l’orgasme « vaginal » sont délétères et sans fondement scientifique, rappelons que son origine revient à Freud, qui avait statué sur des récits de patientes et cela sans aucune autre recherche ni anatomique ni physiologique. Rappelons, qu’aucune étude n’a retrouvé la présence de tissus érectiles en dehors des bulbes spongieux et corps caverneux chez la femme, tout comme chez l’homme. L’orgasme féminin, tout comme celui des hommes, repose sur les mêmes bases physiologiques et anatomiques. Certaines femmes, ont un orgasme via la pénétration, qu’il soit facilité par la friction du gland clitoridien ou non, c’est un fait. Mais c’est très loin d’être la majorité. La théorie du complexe CUV, où les corps caverneux s’adossent à la PVA pendant les rapports est satisfaisante pour expliquer le polymorphisme de l’orgasme féminin. L’orgasme est donc clitoridien, qu’il soit lié à une stimulation interne ou externe. Pourquoi s’acharner à discuter d’une entité anatomique qui n’a pas lieu d’être. Quel est l’intérêt de parler d’un point G si les sensations perçues lors de sa stimulation ne découlent en fait que du clitoris ? Est-il finalement encore licite d’utiliser la terminologie « point G » ? Ne s’agit-il pas d’une appellation complètement obsolète qui s’entendait dans les années 50 quand on ne décrivait pas comme aujourd’hui l’anatomie du clitoris ? Pourquoi vouloir à tout prix donner un nom à cette zone pour au final ne parler que de la partie interne d’un organe déjà bien connu : le clitoris ? Quelle en est la valeur ajoutée ?
La promotion par des scientifiques de ce genre de termes et de techniques, contribue donc à véhiculer de fausses idées sur l’orgasme féminin et qu’il n’est pas éthique de la part de médecins d’en être les promoteurs… Nous devons être prudents des conséquences, que nos débats sortant du strict cercle fermé des théoriciens, pourront avoir sur le grand public. Il semble dangereux, ou tout au moins pourvoyeur de détresse psychologique et de mal-être sexuel, d’affirmer en l’état actuel de la science qu’une telle zone existe, que des dysfonctions de cette zone ont cours, et le cas échéant qu’il se trouve un moyen, très hypothétique de la traiter.
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Cette page a été rédigée par le Docteur Anne-Louise Boulart, spécialiste de la chirurgie plastique reconstructrice et esthétique chez la femme à Paris.
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